DIX NEUF JOURS POUR UNE NUIT, POUR TOUTE LA VIE.
Souvenir d'une expérience artistique au château d'Ilbarritz
Parution Mai 2025
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Franck Cazenave & Sophie Geoffrion
Photographies de Marie Guyot
16,5 x 23 cm - 108 pages
Éditions Arteaz
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DIX-NEUF JOURS POUR UNE NUIT, POUR TOUTE LA VIE. relate, dix ans après, l’expérience artistique d’un artiste isolé, travaillant in situ  au château d’Ilbarritz en 2015, à l’occasion d’une fête restée mythique. Mêlant introspection créative, analyse philosophique et regards poétiques, l’ouvrage questionne notre rapport à la matière comme à l’espace, à la présence, à l’art et au temps. 

Seul avec Albert.

Mai 2015. En amont de la fête Castle in flowers donnée par le nouveau propriétaire du château d’Ilbarritz, je suis invité à réaliser une création in situ. Intervenir au château d’Ilbarritz, est une chance : la vie du baron Albert de l’Espée (1852-1918) comme l’histoire singulière de l’édifice construit (1897-1898) par l’architecte biarrot Gustave Huguenin, me fascinent depuis mon plus jeune âge. J’en fais une histoire personnelle.

S’impose à moi une véritable démarche immersive dans l’histoire du baron : un territoire d’affects et de souvenirs entre mesure et démesure. Je relis Albert de l’Espée, biographie de C. Luraschi (Éd. Atlantica) ainsi que les entretiens de l’historien J.-L. Ménochet avec le journaliste L.Andia comme points d’appui. Le 2 Juin 2015, j’embarque au château tel un marin sur un navire. Durant trois semaines, du 2 au 20 Juin, je m’y rends chaque jour afin de créer, faire, en ces murs mythiques, jusqu’au soir de la fête. Honorer Albert, honorer l’histoire du château. Comme on offre un bouquet de fleurs... Entre métaphores chromatiques et fragments de vie inscrits dans le dur, je fais naître une matière de la matière, je « fouille à vif » le plâtre des murs, glisse à leurs surfaces et en leurs creux indices et questionnements.

L’œuvre est volontairement ambivalente, entre récit abstrait de la vie d’Albert et expérience figurée. Sur une surface de près de 100m2 (sol, murs, plafonds), je propose à ressentir, je convoque le sentiment et souhaite questionner les visiteurs (invités de la fête) sur leur rapport au temps, au passage, à l’espace et à la musique.De ces instants dépoussiérés je livre chaque soir - sous la forme d’un journal audio - mes pensées à la philosophe Sophie Geoffrion. Habitué à travailler dans la solitude, j’y dévoile pour la première fois mes émois créatifs. Ces descriptions spontanées de mon travail en cours (journal reproduit intégralement à la fin du livre) mettent en lumière réflexions, difficultés et joies liées à mon expérience. La philosophe entre dans mon intimité, au cœur de mon processus. Tout est détail, mais rien n’est détail: temps, respiration, regard, supports, couleurs, outils...

Je réalise, jusqu’à l’épuisement une œuvre in situ et in memoriam de près de cent vingt heures de travail. À ma demande, la photographe Marie Guyot viendra à plusieurs reprises témoigner de l’évolution de mon travail.

Dix ans après, tout de ces dix neuf jours me revient, tout est en moi. Statutaire. Infini. Rien n’est parti, et tout restera.

Pour toute la vie.

Franck Cazenave
21 Janvier 2025.